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mardi 6 mars 2012

L'artiste du jour : Trombone Shorty


 
 
 
Trombone Shorty Le Nouveau Souffle de NOLA Portrait
Conseil à tous les musiciens qui, un jour, croiseront la route de Troys Andrews (alias Trombone Shorty) dans un festival : évitez surtout de jouer APRÈS lui. Car après lui, rien ne repousse vraiment. Mai 2010 à la Boule Noire (Paris), le phénomène de la Nouvelle-Orléans vient d’entamer une tonitruante version de St-James Infirmary en guise d’épilogue à un concert où les bouchons d’oreille étaient plus que recommandés. Un peu plus tôt, il chantait une reprise de Marvin Gaye, dansait comme James Brown et Michael Jackson, imitait Louis Armstrong, dirigeait ses musiciens et improvisait avec eux façon soundpainting, soufflait dans son trombone et sa trompette comme si sa vie en dépendait. Trombone Shorty sur scène, c’est une énergie hallucinante qui se transforme en son surpuissant, un son qui électrise et pétrifie les spectateurs. Il y a du boxeur chez cet homme lorsqu’il joue du trombone, dans sa façon de faire jaillir la coulisse vers les spectateurs comme un direct du droit, ou lorsqu’il la ramène vers son corps comme pour parer un crochet. Les spectateurs présents ce soir-là sont-ils conscients qu’ils ont devant eux une légende vivante de 24 ans, un prodige adoubé par tous les musiciens de la Nouvelle-Orléans et qui compte parmi ses plus grands fans Wynton Marsalis, U2 et Jeff Beck ? PLUS PETIT QUE LE TROMBONE Troy Andrews est né dans le mythique quartier de Treme à la Nouvelle-Orléans, et dans une dynastie de musiciens. Son grand-père, Jessie Hill, est un chanteur et un compositeur respecté : il a écrit pour Ike & Tina Turner, pour Willie Nelson et pour Sonny & Cher. Les parents proches de Trombone Shorty sont dans des brass bands, son frère aîné, James est trompettiste, et c’est tout naturellement qu’il se joint aux second lines dès qu’il commence à marcher et qu’il saisit le premier cuivre à sa portée. Pas forcément le moins encombrant puisqu’il jette son dévolu sur le trombone dès l’âge de 5 ans (voir photo ci-contre). Comme il est plus petit que le trombone lui-même, cette histoire lui vaut le surnom de Trombone Shorty. Troy Andrews devient un musicien de rue prodige qui, à dix ans, a déjà participé à bien des parades. Au trombone, il ajoute la trompette — un instrument qu’il maîtrise aussi bien que la trompette. Les spécialistes disent pourtant que les deux cuivres sont si opposés en technique qu’ils sont incompatibles et trop difficiles à pratiquer conjointement. Mais les lèvres de Trombone Shorty et ses aptitudes physiques les feront mentir. Il joue aussi du soubassophone, de la batterie, de la basse, des claviers. Et puis, comme sa mère écoute très souvent Marvin Gaye à la maison, il se met au chant. Bref, Troy Andrews est un musicien de rue et de studio accompli qui gagne très bien sa vie et dont l’avenir semble tout tracé. PERFECTIONNISME ET HYGIÈNE DE VIE Il pourrait se contenter de cela mais, curieux et perfectionniste, il choisit au contraire de compléter son expérience par des études au prestigieux NOCCA (New Orleans Centre for Creative Arts), qui a déjà diplômé les frères Marsalis ou Harry Connick Jr. Parmi ses amis étudiants, il choisira les meilleurs pour former son groupe, le New Orleans Avenue. Ensemble, ils partagent un amour pour toutes les formes de musiques historiques de la Nouvelle-Orléans, mais ils aiment aussi Nine Inch Nails, le rap et le rock. C’est ce même cocktail musical, baptisé «supafunkrock» qu’on retrouve dans Backatown, le premier album de Trombone Shorty signé sur une major, avec une distribution internationale. Les rythmes des Mardi Gras Indians s’accouplent avec les embardées rock, les cuivres explosent et la voix de Trombone Shorty tient la route face aux autres invités du disque, Marc Broussard et Lenny Kravitz. Allen Toussaint vient même célébrer l’avènement du prodige. Le tout est produit par Ben Ellman, le sax de Galactic, qui avec ce disque comme avec Ya-Ka-May, aura signé deux réalisations mémorables. Mais c’est sur scène que Trombone Shorty s’avère incomparable et terriblement inflammable. On y voit un artiste très affûté qui peut jouer des heures avec la même intensité. En cela, il est tout à fait représentatif de la nouvelle génération de musiciens à l’hygiène de vie digne de sportifs de haut niveau. Trombone Shorty ne boit pas d’alcool, ne fume pas et fait 200 pompes par jour. L’HISTOIRE ET LE FUTUR DE NOLA Jessie Hill, le grand-père de Trombone Shorty, était un ami de Dr. John avec lequel il a travaillé pendant leur exil en Californie. Ils ont composé ensemble « Qualified », un des titres majeurs de l’album « In The Right Place » de Dr. John (1974). 34 années plus tard, Dr. John invite Trombone Shorty à jouer sur « City that Care Forgot », le premier grand disque de l’ère post-Katrina. On les retrouve dans un épisode de la série TREME, dans laquelle Trombone Shorty fait des apparitions régulières, au même titre que Galactic (voir l’article consacré à TREME ici et l’interview de Stanton Moore) et Kermit Ruffins. Tout ce qui fait la magie de la musique Nouvelle-Orléans réside ainsi dans cette capacité des générations nouvelles à respecter, à assimiler et à transformer l’héritage le plus ancien en propositions nouvelles. Le puissant souffleur appartient sans conteste à cette généalogie qui fait de la Nouvelle-Orléans une ville plus vivante que jamais. http://www.tromboneshorty.com/ Portrait réalisé suite à un entretien avec Trombone Shorty. Remerciements à François Arveiller. A lire également : Retour sur le meilleur disque de 2010 : Ya-Ka-May de Galactic Entretien avec Stanton Moore TREME (HBO) de David Simon shapeimage_2_link_0shapeimage_2_link_1shapeimage_2_link_2shapeimage_2_link_3
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Troy Andrews 
en 1991 (il a 5 ans), dans une parade à la Nouvelle-Orléans.
Discographie sélective
Le premier album de Trombone Shorty 
sur une major (2010, VERVE)
Deuxième collaboration studio 
pour Trombone Shorty avec Galactic 
(Ya-Ka-May, 2010, ANTI-)
Trombone Shorty est invité sur ce deuxième album des Sierra Leone’s Refugee All Stars (Rise & Shine, 2010
Les Midnite Disturbers est un super groupe avec, entre autres, Stanton Moore et Ben Ellman (Galactic), Big Sam, Skerik. Trombone Shorty y joue de la trompette. (Live at Jazz Fest 2009, dispo sur iTunes)
Le premier disque de Trombone Shorty 
avec son groupe, Orleans Avenue. (Orleans & Claiborne, 2005, 
Homegrown Music Network)
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