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mercredi 21 décembre 2011

Le modèle suédois : secrets d'une réussite

Pour le sauver, les sociaux-démocrates, au pouvoir entre 1994 et 2006, ont travaillé main dans la main avec les leaders d’opposition pour changer radicalement les règles du jeu budgétaire. Auparavant, chaque ministère présentait son budget tous les ans, le Premier ministre additionnait le tout, et le Parlement validait les totaux. Désormais, les députés fixent d’abord une enveloppe générale, en se basant uniquement sur l’état des rentrées fiscales.
Puis ils déterminent, pour les trois années à venir, les plafonds de dépenses que chaque administration devra respecter à la lettre (ou plus exactement au chiffre). Si, par exemple, le ministère de l’Enseignement supérieur est contraint d’accorder plus de bourses que prévu, il devra se débrouiller pour économiser ailleurs, sur les frais informatiques, les salaires ou les primes… Peu importe, tant que le plafond n’est pas dépassé. Et la règle vaut aussi pour les régions et les communes. «Cela a pris un peu de temps, mais tout le monde s’est fait à cette discipline», assure Per Molander.
Autre principe intangible : le gouvernement doit impérativement dégager un ex­cédent d’au moins 1% sur un cycle économique (cinq ans en moyenne). Les déficits sont autorisés les mauvaises années, lorsque les rentrées fiscales baissent.
Mais, les bonnes, toutes les recettes supplémentaires sont automatiquement mises de côté. «Ces règles nous paraissent bien plus intelligentes que celles de Maastricht, et plus encore que celles des Allemands : ils ont interdit les déficits dans leur Constitution», commente Håkan A. Bentgsson, du centre de réflexion Arena.
La conversion aux méthodes des entreprises est encore plus spectaculaire dans l’Education. Pour conserver la gratuité de l’école (de la maternelle au bac) tout en introduisant une véritable concurrence entre les établissements, les Suédois ont inventé une formule inédite. Aujourd’hui, n’importe quelle entreprise ou association peut ouvrir une école. Les proviseurs peuvent y embaucher, licencier et fixer les salaires à leur guise. Les parents, de leur côté, choisissent le collège ou le lycée qui leur semble le meilleur. Liberté pour tout le monde en somme.
Pour chaque élève inscrit dans leurs rangs, les établissements reçoivent un «chèque éducation» de 5 000 à 8 000 euros par an versé par la commune d’origine des parents. «Afin de les attirer, nous avons dû nous battre pour améliorer le contenu de nos cours et embaucher les meilleurs profs», explique Louise Andersson, au conseil du lycée privé de VRG Jarlaplan, à Stockholm. Cette concurrence bien pensée a tiré la qualité de l’enseignement et les salaires vers le haut : 2 300 euros par mois pour un prof junior, contre 1 600 chez nous.

Là-bas, ils veulent tous prendre leur retraite le plus tard possible !
Sarkozy ferait bien d’en prendre de la graine : en 2000, les sociaux-démocrates, la droite et les syndicats suédois se sont tous mis d’accord pour réformer le système de retraites. Jusque-là, il fonctionnait à peu près comme le nôtre : quarante ans de cotisations et des pensions calculées selon le salaire moyen des quinze meilleures années. ­Aujourd’hui, les Suédois partent quand ils veulent. Le montant de la retraite est fixé en fonction du montant des cotisations versées, du nombre d’années travaillées, de l’espérance de vie de leur génération et, pour 2,5%, des performances du fonds de pension où les salariés placent une partie de leurs cotisations. «C’est une retraite totalement à la carte», résume l’économiste Nils Karlson. Les Suédois, qui n’aiment guère se tourner les pouces, en profitent pour s’arrêter le plus tard possible, à 66 ou 67 ans.

lundi 19 décembre 2011

Le livre de la semaine : La prochaine fois

La prochaine fois ; Marc Lévy

2266147722Edition Pocket ; 258 pages.
6,20 euros.
"Parti à la recherche d'un tableau mystérieux, Jonathan croise la route de Clara. Tous deux sont convaincus de s'être déjà rencontrés. Mais où et quand ? A Londres, il y a plus d'un siècle... Le quatrième roman de Marc Levy entraîne ses lecteurs de Saint-Pétersbourg à Boston, de Londres à Florence et Paris, dans une histoire où amours et énigmes défient le temps."
Avec Marc Lévy, on est toujours partagé ; soit on cherche un livre avec un style d'écriture remarquable, et des idées novatrices et on déteste, soit on veut passer un agréable moment, ne pas se prendre trop la tête, et oublier tous nos soucis et on adore !
J'ai beau être une inconditionnelle de la littérature anglaise "classique", j'aime bien Marc Lévy. Je fonctionne sur coups de coeur, et avec cet auteur, je suis servie. Toujours un passage, une blague, une idée, qui me fait adhérer au livre que je lis. Ici, c'est la lettre qui ouvre le livre qui m'a charmée. Je vous en mets des extraits :
"Jonathan,
T'appelles-tu toujours ainsi ? Je réalise aujourd'hui qu'il y a tant de choses que je ne savais pas et je repousse sans cesse les mesures de ce vide qui m'entoure depuis que tu es parti. Souvent, lorsque la solitude obscurcissait mes journées je regardais le ciel, puis la terre avec cette farouche impression que tu étais là quelque part. Et il en fut ainsi au cours de toutes ces années, seulement nous ne pouvions plus nous voir, ni nous entendre.
Il paraît que nous pourrions passer l'un à côté de l'autre sans même nous reconnaître.
Je n'ai cessé de lire depuis le jour de ton départ, visité tant de lieux à ta recherche, à celle d'un moyen de comprendre, d'un quelconque savoir. Et plus les pages de la vie se tournaient, plus je réalisais que la connaissance s'éloignait de moi, comme dans ces cauchemars ou chaque pas en avant vous fait reculer d'autant.
J'ai arpenté les galeries sans fin des bibliothèques, les rues de cette ville qui fut la nôtre, celle où nous partagions presque tous nos souvenirs depuis l'enfance. [...]
Dis-lui, Jonathan, que j'étais ton ami, que tu étais mon frère, peut-être mieux encore puisque nous nous étions choisis, dis-lui que rien n'a jamais su nous séparer, même votre départ si soudain. [...]
Quelques lignes encore et tu replieras cette lettre, tu la rangeras silencieusement dans la poche de ta veste, tu croiseras ensuite tes mains dans ton dos et tu souriras, comme moi en t'écrivant ces derniers mots. Moi aussi, je souris, Jonathan, je n'ai jamais cessé de sourire. [...]"