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vendredi 19 octobre 2012

Cinquante nuances de Grey vs Histoire d'O


Ca va faire mal. Cravaches, menottes, chats à neuf queues, la guerre du SM est déclarée. C’est dans une ambiance très cuir, très fouet que vont s’affronter en librairie deux poids lourds de la littérature érotique ou prétendue telle. D’un côté, le mastodonte Cinquante nuances de Grey,best-seller phénoménal écrit par une illustre inconnue britannique, E. L. James, et déjà écoulé à plus de 44 millions d’exemplaires, débarque en France précédé de sa réputation paradoxalement fort peu sexy de “porno pour mamans”. De l’autre, Histoire d’O, chef-d’oeuvre scandaleux signé Pauline Réage, pseudonyme de Dominique Aury, sorti en 1954 et aujourd’hui réédité.
Histoire d’O, un classique indétrônable
En termes de ventes, Cinquante nuances de Grey, avec sa cohorte de produits dérivés (la “bande originale du livre”, un “parcours sensuel de toute beauté !” à base de Bach et de Chopin, un guide d’éducation sexuelle baptisé Cinquante nuances du plaisir, qui paraîtra le 6 novembre), va évidemment l’emporter par KO sur Histoire d’O. Mais pour ce qui est de la subversion et de l’érotisme, le classique de Dominique Aury reste indétrônable.
Près de soixante ans après sa parution, il se révèle toujours aussi sulfureux et transgressif, alors que Cinquante nuances de Grey, Canada Dry de la littérature érotique, se contente d’épouser mollement l’air du temps avec un SM light et sans saveur.
Dans la préface d’Histoire d’O, Jean Paulhan, l’amant de Dominique Aury, auquel le roman était destiné telle une lettre d’amour, parle des livres érotiques comme de livres dangereux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la niaiserie d’E. L. James est parfaitement inoffensive.
L’intrigue tient en quelques mots : Anastasia Steele, étudiante de 22 ans, vierge et effarouchée, rencontre le ténébreux Christian Grey, un homme d’affaires terriblement séduisant et adepte de la fessée. Derrière le masque du sadomasochisme affiché se cache en réalité la représentation de la sexualité la plus conformiste et normative qui soit.
Déjà, il faut se taper plus d’une centaine de pages avant que Christian Grey ne se tape cette dinde d’Ana.
Dans Histoire d’O, pas de préliminaires éprouvants : l’héroïne se retrouve nue à l’arrière d’un taxi en quelques lignes seulement. Surtout, le SM selon Grey s’avère ultrapragmatique, lisse et aseptisé, régi par un contrat en bonne et due forme, supplice pour le lecteur bien plus que pour Ana. Ce document stipule notamment qu’aucun acte ne devra laisser de marque durable sur la peau là où, au contraire, sont recherchées “de belles zébrures longues et profondes, qui durent longtemps” dans Histoire d’O.
(1975)Jaeckin Just de d’O Histoire Voilà toute l’hypocrisie de Cinquante nuances de Grey, livre qui ne laisse effectivement aucune trace tant son contenu est insignifiant et consensuel, constitué des clichés les plus éculés et de fantasmes de sex-shop bon marché. Grey ligote Ana avec une cravate en soie quand O, l’héroïne d’Histoire d’O, se retrouve accrochée à un poteau ou écartelée au-dessus d’une estrade pour être fouettée.
Le livre d’E. L. James s’approprie l’imagerie SM, son folklore vulgarisé par le porno-chic sur papier glacé, sans en saisir la philosophie, cette dialectique du maître et de l’esclave qui se trouve au coeur même d’Histoire d’O. La “déviance” de Grey s’explique forcément par son enfance malheureuse et par la façon dont il a été perverti par une femme plus âgée.
Cette psychologisation primaire de la sexualité a l’effet d’une double dose de bromure. Tout comme l’emploi du “je” : l’histoire est racontée du point de vue d’Ana et sa bêtise est sans doute l’un des plus puissants anaphrodisiaques jamais expérimentés.
Cinquante nuances de Grey et ses dérives rétrogrades
Dans Histoire d’O, roman à la troisième personne qui met le lecteur en position de voyeur, O est quant à elle réduite au silence, dans une acceptation totale, presque mystique, de son sort, ce que Paulhan nomme “le bonheur dans l’esclavage”. O a beau être prostituée par son amant, violée, battue, enchaînée et même marquée au fer rouge, elle demeurera toujours plus libre et affranchie que cette pauvre Ana, victime idéale d’une domination masculine bien plus perverse que l’asservissement sadomaso. O se donne en toute conscience, exemple extrême de la passion amoureuse et de la servitude volontaire, alors qu’Ana ne comprend rien à ce que Grey exige d’elle.
C’est certainement la plus grosse arnaque de Cinquante nuances de Grey, parfois présenté comme un outil d’émancipation des femmes, un livre contribuant à leur libération sexuelle, alors que ce roman véhicule une image rétrograde des rapports entre les sexes, à peine plus évoluée que celle que l’on trouve dans les contes de fées : le destin de la femme, cet être fragile et incomplet, dépend forcément d’un homme providentiel. Avant de rencontrer Grey, Ana ignore tout de la vie. Le milliardaire l’initie au sexe, l’entretient, lui offre une voiture, un ordinateur et s’occupe même de ses consultations gynécologiques ! Aux antipodes d’O qui, pour Paulhan, “exprime, à sa manière, un idéal viril” car c’est une femme qui avoue que “tout est sexe en elle, jusqu’à l’esprit”. Et cette idée-là semble – malheureusement – toujours aussi dérangeante en 2012.

mercredi 17 octobre 2012

Pays basques

Dabadi
Edmon rostant(cyrano de bergerac)
Èche -->maison
Belara vagues
Corniche basque
Osoerati fromage basque
Brèche Espagne France
Les izare
Carottier